
Développeur depuis 15 ans, j’ai toujours pensé que mon job était à l’abri. Puis j’ai regardé l’interview de Sam Altman avec Ben Thompson. Une phrase m’a glacé le sang : « L’IA automatise déjà plus de 50% du codage dans certaines entreprises. » Ce mec vient de me dire, en substance, que ma carrière a une date d’expiration.
Le moment où j’ai réalisé que tout changeait
La semaine dernière, j’ai testé le nouveau Claude pour déboguer un problème React complexe. En 3 minutes, il a trouvé et corrigé ce sur quoi je galérais depuis deux heures. J’ai fermé mon laptop et j’ai réfléchi : si une IA fait en minutes ce que je fais en heures, combien de temps avant que mon manager s’en rende compte ?
Altman a raison quand il compare l’IA d’aujourd’hui au code des années 90. Ma génération a grandi avec Stack Overflow et GitHub. La prochaine grandira avec ChatGPT et Claude. Pour eux, coder sans IA semblera aussi archaïque que programmer en assembleur nous paraît aujourd’hui.
Ce que mes collègues ne veulent pas voir
Dans mon équipe, on est partagés en deux camps. Les « dénialists » qui répètent « l’IA ne remplacera jamais la créativité humaine » et les « paniqués » qui parlent de reconversion dans le jardinage.
Moi, je suis dans le troisième camp : les réalistes inquiets. L’IA ne va pas nous remplacer du jour au lendemain. Elle va nous grignoter, tâche par tâche, comme le dit Altman : « mangeant principalement des choses petit à petit puis devenant plus rapide. »
D’abord, elle a pris les tâches répétitives. Ensuite, les bugs simples. Maintenant, elle génère du code fonctionnel. Demain ? Elle architecturera des systèmes entiers.
Mon erreur de débutant (que vous faites peut-être)
Pendant des années, j’ai accumulé des compétences techniques spécifiques. React, Node.js, MySQL – exactement ce que vous mentionnez dans vos préférences. Je pensais que cette expertise me protégeait.
Erreur. Les frameworks changent, les langages évoluent, mais l’IA apprend plus vite que nous tous réunis. Elle maîtrise déjà React mieux que 80% des développeurs que je connais.
Le conseil d’Altman sur la « capacité méta à apprendre » m’a fait tilter. Il ne parle pas d’apprendre de nouvelles syntaxes, mais d’apprendre à apprendre. De développer cette agilité mentale qui nous permet de nous réinventer.
Ce que j’ai changé dans ma routine (concrètement)
J’ai arrêté de googler des solutions toutes faites. Maintenant, je demande à l’IA de m’expliquer la logique derrière ses réponses. Je veux comprendre le « pourquoi », pas juste copier-coller le « comment ».
J’ai commencé à utiliser l’IA comme un pair-programmer. Plus comme un outil de productivité, mais comme un partenaire qui challenge mes approches. Résultat ? Je code différemment, je pense autrement.
Je me force à sortir de ma zone de confort technique. Cette semaine, j’ai appris les bases du machine learning. Pas pour devenir data scientist, mais pour comprendre l’outil qui va transformer mon métier.
La vraie question que personne ne pose
Altman dit que maîtriser l’IA est crucial « comme sa génération a dû apprendre à coder. » Mais il oublie un détail : sa génération a eu 20 ans pour s’adapter. Nous, on a 2-3 ans max.
La vitesse d’évolution est brutale. Dario Amodei (Anthropic) et Kevin Weil (OpenAI) prédisent que l’IA dépassera les humains « dans la plupart des tâches de codage » très bientôt. Pas dans 10 ans. Bientôt.
Comment on se prépare à une obsolescence programmée si rapide ?
Ma stratégie de survie (imparfaite mais honnête)
Je développe mes « soft skills » techniques. Architecture système, design thinking, communication client. Des trucs que l’IA ne peut pas encore faire à ma place.
Je cultive ma capacité d’adaptation. Chaque semaine, j’apprends quelque chose de nouveau, même si ça n’a rien à voir avec mon job actuel. L’objectif ? Garder mon cerveau flexible.
Je mise sur l’hybridation. Plutôt que de lutter contre l’IA, je deviens un « développeur augmenté ». Mon avantage concurrentiel, c’est ma capacité à faire équipe avec les machines.
La réalité que personne ne dit
Les « nouvelles opportunités professionnelles » dont parle Altman ? Elles existeront, mais pas pour tous. Comme l’automatisation industrielle a créé de nouveaux jobs tout en détruisant les anciens, l’IA va redistribuer les cartes.
Certains d’entre nous deviendront des « IA whisperers ». D’autres pivoteront vers des métiers plus humains. Et quelques-uns se retrouveront sur le carreau, faute d’avoir anticipé.
Mon pari ? Dans 5 ans, il y aura toujours des développeurs. Mais ils coderont 20% du temps et passeront 80% de leur temps à orchestrer des IA, comprendre les besoins métier et résoudre des problèmes complexes.
C’est terrifiant et excitant à la fois. Mais au moins, je ne me voile plus la face.
