Pourquoi Prosegur Alarms explose pendant que mes voisins barricadent leurs fenêtres

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Photo de Siarhei Horbach sur Unsplash

L’année dernière, en me promenant dans mon quartier genevois, j’ai compté : sur dix maisons, sept affichent désormais un autocollant « Securitas », « Protectas » ou autre société de sécurité suisse. Il y a cinq ans, c’était une sur dix. Cette transformation locale révèle quelque chose de plus profond que les +33,4% de croissance de Prosegur Alarms en 2024. Elle témoigne d’une tendance européenne où la peur se transforme en business model.

Les 221 millions d’euros de chiffre d’affaires de cette entreprise portugaise ne sont pas juste des chiffres. Ils mesurent une anxiété collective qui dépasse les frontières.

Ce que ces chiffres révèlent vraiment

+33,4% de croissance pour une entreprise de sécurité, c’est spectaculaire. Mais analysons ce que cela signifie concrètement : des milliers de familles qui installent des alarmes, des caméras, des détecteurs. Pourquoi cette explosion ? Hausse de la criminalité ou hausse de la peur de la criminalité ?

Ma conviction après observation du marché européen : souvent, la perception du risque augmente plus vite que le risque lui-même.

Mon expérience personnelle avec cette industrie

En observant ces chiffres depuis la Suisse, je mesure l’ampleur du phénomène européen. Prosegur, concurrent des Securitas et Protectas que nous connaissons ici, réussit à croître de 33% dans un marché pourtant mature. Cette performance révèle que la demande sécuritaire explose partout en Europe, même dans les pays réputés sûrs.

Cette observation du marché m’a appris que ces entreprises ne vendent pas de la sécurité. Elles vendent de la sérénité. Nuance énorme en termes de business model.

Pourquoi leur « expansion internationale » me fait réfléchir

Prosegur Alarms s’étend principalement en Europe et Amérique latine. Coïncidence ? Ces régions vivent toutes une montée des inégalités et de l’insécurité urbaine. Le business de la sécurité privée prospère là où l’État échoue à rassurer.

Observation troublante : plus une société se fragmente, plus les entreprises de sécurité privée croissent. Prosegur surfe sur nos fractures sociales.

L’innovation dont ils parlent (et qui m’inquiète)

Leurs « nouvelles technologies » incluent reconnaissance faciale, IA prédictive, géolocalisation en temps réel… Officiellement pour notre protection. Officieusement ? La plus grande base de données privée sur nos habitudes, nos horaires, nos vulnérabilités.

Question que personne ne pose : qui surveille les surveillants ? Prosegur en sait plus sur ma vie quotidienne que mon banquier.

Ce que j’observe dans mon quartier genevois

Depuis l’installation massive d’alarmes, l’ambiance a changé. Fini les voisins qui se parlent par-dessus la haie. Place aux caméras qui scrutent, aux détecteurs qui clignotent. Nous créons la sécurité en détruisant la convivialité.

Paradoxe sociologique : plus nous nous protégeons individuellement, plus nous nous isolons collectivement.

L’analyse économique qui dérange

221 millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est énorme pour une « filiale » Prosegur. Mais mettons en perspective : cet argent vient directement des ménages européens et latino-américains. Argent qui ne va pas dans l’éducation, la culture, les loisirs.

La sécurité privée ponctione les budgets familiaux au détriment d’autres dépenses plus constructives socialement.

Mon diagnostic sur cette croissance « fulgurante »

Cette explosion n’est pas due à l’excellence de Prosegur, mais à la dégradation du contexte sécuritaire. Ils ne créent pas de valeur, ils capitalisent sur nos angoisses. Modèle économique parasitaire, même s’il est légal et rentable.

Comparaison provocante : l’industrie de la sécurité privée ressemble à l’industrie pharmaceutique. Elle prospère sur nos maux, pas sur notre bien-être.

Ce que révèle leur stratégie d’internationalisation

Prosegur suit la carte mondiale de l’insécurité. Ils s’implantent là où les classes moyennes ont assez d’argent pour payer, mais assez peur pour le faire. Sweet spot économique cynique mais efficace.

Leurs analystes étudient probablement les indices de criminalité et de PIB par habitant pour choisir leurs prochains marchés.

Ma prédiction pour Prosegur

Cette croissance va ralentir d’ici 2026-2027. Pourquoi ? Saturation du marché, amélioration sécuritaire générale (espérons), ou lassitude des consommateurs face aux coûts récurrents. Les abonnements sécuritaires finiront comme les abonnements télé : questionnés quand les budgets se tendent.

Mais d’ici là, ils auront empoché des milliards.

L’ironie de cette success story

Prosegur Alarms réussit parce que nous échouons collectivement. Leur succès mesure notre incapacité à créer des sociétés vraiment sûres. Plus ils croissent, plus c’est l’aveu de nos échecs politiques et sociaux.

Célébrer leurs résultats financiers, c’est applaudir notre propre régression civilisationnelle.

Mon conseil aux investisseurs

Prosegur Alarms est probablement un bon investissement court terme. L’insécurité ne va pas disparaître demain. Mais moralement ? Investir dans la peur sociale me dérange. Question de conscience personnelle.

Si vous investissez, assumez que vous pariez sur la persistance de nos problèmes sociétaux.

La vraie question que pose cette croissance

Voulons-nous d’une société où chacun se barricade chez soi, surveillé par des entreprises privées ? Prosegur Alarms nous tend ce miroir déformant : voici où nous mène l’individualisme sécuritaire.

Leur succès financier souligne notre échec collectif. 221 millions d’euros de chiffre d’affaires, c’est aussi 221 millions d’euros de défiance sociale cristallisée.

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